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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/96

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Journal

nera aparemment vers l’Oueſt ; car s’il demeuroit où il eſt, à la fin il nous embaraſſeroit.

Plus j’avance dans le Portugais, & plus je ſuis perſuadé que les Rois de Portugal ſont du ſang de Hugues Capet. La Langue Françoiſe & la Portugaiſe ſe reſſemblent trop pour n’eſtre qu’amies : il faut qu’il y ait de la parenté. Ce ſont les mêmes façons de parler, le même tour ; & pour bien traduire en François un livre Portugais, il n’y a qu’à le traduire mot à mot. J’ai commencé d’aujourd’hui à prendre plaiſir au Siamois. Je connois fort bien toutes mes Lettres ; j’épele à merveilles : en une heure je déchiffrerai deux lignes, & y mettrai tous les tons. J’écris, couſi, couſi. Dans huit jours on me donnera des thèmes ; & s’il plaît à Dieu, en arrivant à Siam, j’entendrai une partie de ce qu’on me dira : l’uſage fera le reſte. Que s’il faut revenir ſur mes pas, ce ſeront tous pas perdus. Mais le cœur me dit que je demeurerai. Je n’aurai point l’aller pour le venir. Le Roi de Siam eſt trop brave homme pour me renvoyer ; & ſi je lui peux parler ſon jargon, j’ai tant de choſes à lui dire, & ſi divertiſſantes pour un curieux comme lui, qu’il ſera trop heureux de me retenir.

19. Juin.

CEst le Noroueſt qui nous mene : il eſt bien meilleur que l’Oueſt, parce qu’il nous fait aller

vent