Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/150

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laisir dans ceux qui me suivront les ressources qui m’ont manqué.

Je puis du moins vous donner un garant bien sûr de la haute idée que j’ai de la place où vous m’élevez ; c’est ce désir même d’être reçu parmi vous, si vif en moi dès sa naissance, tout chimérique que je l’ai cru ; ce désir qui m’a tenu lieu de génie, qui m’a dicté les Essais Lyriques dont vous avez agréé l’hommage, et qui, sous vos auspices, ont trouvé grace devant le public ; ce désir qui, industrieux à se servir lui-même, m’a fait tantôt orateur et tantôt poète pour mériter tous vos lauriers, qui m’a même enhardi plus d’une fois à vous remercier ici d’un suffrage unanime que j’osois regarder alors comme le présage de celui dont je vous rends graces en ce moment ; ce désir enfin qui du moindre de vos élèves, me fait devenir un de vos confrères.

Je prononce ce mot avec transport, et j’oublie un moment ce que je suis, pour ne vois que le mérite de ceux à qui vous daignez m’associer.

Quelque naissance, quelque dignité qui distingue la plupart d’entre vous, ce n’est point par cet éclat emprunté qu’ils m’éblouissent ; ils en ont un plus réel et plus indépendant. Qu’on rende ailleurs aux grands emplois et aux grands noms, ces hommages extérieurs que l’amour propre, habile à se dédommager, dément, quelquefois en secret, on n’honore ici que les talens et la vertu ; on n’y rend que ces respects sincères