Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/172

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DISCOURS


Prononcé le 23 février 1719, par M. Massillon, évêque de Clermont, lorsqu'il fut reçu à la place de M. l'abbé de Louvois.


DES PROGRÈS DE LA LANGUE FRANÇOISE.
Messieurs,

Il faut que l’amitié ait sur le cœur des droits plus intéressans que la gloire même, puisque l’honneur que vous me faites aujourd’hui me laisse encore sensible au chagrin de ne le devoir qu’à la perte d’un ancien ami, et d’un de vos plus illustres confrères.

Vous ne me ferez par un crime de cet aveu ; la vanité est assez flattée de votre choix. Tout annonce ici ma reconnoissance, et ma douleur même la rend plus digne de vous.

Au sortir presque de l’enfance, et dès que M. l’abbé de Louvois fut en état de se choisir des amis, il me fit l’honneur de me mettre de ce nombre. Dès lors il laissoit déjà voir tout ce qui lui attira depuis l’estime publique et les suffrages de la compagnie : une probité au-dessus de son âge, et digne d’un meilleur siècle ; un