Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/176

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L’Académie parut, le chaos se développa ; la nature étala toutes ses beautés, et tout prit une nouvelle forme.

La France n’eut plus rien à envier aux meilleurs siècles de l’antiquité. Le théâtre, la satyre, la poésie lyrique, l’éloquence, l’histoire, la philosophie, le style épistolaire, les traités de piété, jusques-là informes, les traductions nobles et hardies, eurent parmi vous leurs héros. Dans tous les genres, on vit sortir de votre sein des hommes uniques, dont Rome et la Grèce se seroient fait honneur.

La chaire elle-même rougit de ce comique indécent, ou de ces ornemens bizarres et pompeux, dont elle s’étoit jusques-là parée, et substitua l’instruction à une pompe vide et déplacée, la raison aux fausses lueurs, et l’évangile à l’imagination ; par-tout le vrai prit la place du faux.

Notre langue, devenue plus aimable à mesure qu’elle devenoit plus pure, sembla nous réconcilier avec toute l’Europe, dans le temps même que nos victoires l’armoient contre nous. Un François ne se trouvoit étranger nulle part ; son langage étoit le langage de toutes les cours, et ne pouvant vaincre comme nous, nos ennemis vouloient du moins parler comme nous.

La politesse du langage nous amena celle des mœurs ; le goût qui régnoit dans les ouvrages d’esprit entra dans les bienséances de la vie civile, et nos manières comme nos ouvrages servirent