Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/263

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les unes et les autres se lient ensemble et concourent au même objet.

Que devient en effet le talent de la parole, si on le sépare des connoissances qui doivent l’exercer, et qu’à son tour il doit animer et embellir ? Où le trouver sans elles ? Seroit-ce parmi les plus fameux orateurs, ou chez les plus grands poètes de l’antiquité ? Mais leurs ouvrages sont enrichis des connoissances les plus précieuses de leur siècle, tant historiques que philosophiques et naturelles. Seroit-ce parmi les orateurs et les poètes modernes qui se sont le plus signalés ? Ils ne cèdent pas aux anciens, même dans cette partie. Ne séparons donc point l’art de parler, du fonds nécessaire pour parler dignement ; le Dieu de l’Éloquence et de la Poésie est celui-là même qui préside aux sciences, qui connoît les mouvemens et la structure des Cieux, et qui les chante sur sa lyre.

Mais si l’art de parler, d’énoncer et d’orner ses pensées, dénué du savoir, s’évanouit ou n’a qu’un éclat frivole, il n’est pas moins certain que les connoissances les plus sublimes, que les matières dogmatiques les plus sérieuses et les plus abstraites ne sauroient se passer de son secours ; plus elles sont profondes, plus on a besoin de méthode et de clarté pour se faire entendre ; plus elles sont utiles, plus il devient important de les faire goûter, et d’employer, pour parvenir à ce but, toute l’énergie du discours, toutes les finesses de l’art