Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/264

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d’écrire. Le Savant, le Philosophe, le Théologien, le Jurisconsulte, le Négociateur, l’Homme d’État, sur qui j’ose ici porter mes regards, ont fourni mille exemples de ce que je viens d’avancer ; et ceux d’entre vous, Messieurs, qui, par la nature de leurs ouvrages, et par le charme qu’ils y répandent, semblent s’être entièrement voués aux genres de pur agrément, ne m’en dédiroient pas.

Ce que les pensées et les expressions peuvent se communiquer réciproquement de force et de noblesse, de tour et de variété, je dirois presque de nuance et de couleur, n’est que trop sensible lorsqu’on s’est imposé la loi de les assortir. Cependant, quelque difficile qu’en soit la pratique, elle ne suppose souvent qu’un heureux naturel ; mais il n’appartient qu’à un goût sûr et éclairé d’en dicter les leçons. Vous l’avez éprouvé mille fois, Messieurs, dans ces discussions délicates de la propriété des mots et de l’élégance du style, combien il est nécessaire de connoître la nature des sujets, l’ordre et la liaison des idées, la marche, et pour ainsi dire la mécanique de l’esprit humain.

Non, Messieurs, ne croyons pas que votre illustre fondateur, le cardinal de Richelieu, ce génie élevé dont rien ne limitoit les projets, ait borné l’utilité de cette Académie au seul objet que semble nous présenter son institution. Il savoit trop ce que la sagesse du gouvernement, ce que les grands hommes que protège un État, les sciences