Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/266

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d’admirer, je m’étois mieux défendu d’entrer avec lui dans la même carrière. Aurai-je toujours à redouter le dangereux honneur de succéder à des hommes auxquels je me reconnois si inférieur dans les genres où ils excellent !

Celui que vous regrettez aujourd’hui, Messieurs, et dont je n’ose dire que je vais remplir la place, étoit un de ces hommes rares, qui joignent à des talens singuliers, qu’ils ne doivent qu’à la nature, toutes les qualités aimables de la société. M. le marquis de Saint-Aulaire avoit apporté en naissant un esprit fin et délicat, une imagination féconde et fleurie, une humeur douce et tranquille, une ame inaccessible au trouble des passions, et où la gaieté même ne se faisoit sentir que sous la forme de la simple sérénité. Les leçons de la philosophie, trop souvent inutiles pour le commun des hommes, étoient pour lui superflues. Sa modestie lui laissoit ignorer tous ces talens, et s’ignoroit elle-même. Il avoit atteint cet âge où la vivacité de l’esprit et les graces de l’imagination, si elles ne sont tout-à-fait éteintes, ne se montrent d’ordinaire que pour annoncer leur déclin, lorsqu’il s’allia par son fils à une2 maison qui avoit pour chef une personne illustre par son mérite et par ses écrits. C’est là, qu’exposé à des regards clairvoyans et environné d’excellens