Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/268

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On ne sauroit dire quels talens eussent manqué à M. de Saint-Aulaire, si l’occasion de les mettre en œuvre se fût offerte : Il fut orateur parce qu’il eut à parler devant cette compagnie et en son nom. La nature qui se plaît à vous favoriser, vous a fourni quelquefois, Messieurs, les exemples en sont récens, des sujets distingués par leur rang et par leur naissance, et qui ayant à peine atteint la jeunesse, se trouvent doués des qualités d’esprit que les années seules et une longue suite de réflexions ont coutume de procurer.

Quel spectacle touchant de voir M. de Saint-Aulaire à la tête de l’Académie, tendre les bras à un de ces jeunes favoris des Muses, qu’une mort trop prompte vous a enlevé5 ! Ce contraste du plus grand âge avec la plus brillante jeunesse, loin de refroidir son éloquence, lui prête une nouvelle chaleur : Les traits les plus vifs, les figures les plus hardies, viennent se placer sur ses lèvres ; la vue du terme fatal dont il approche, capable de glacer les ames communes, ne sert qu’à l’animer. Déjà il se flatte de voir les événemens futurs : Le voile, dit-il, qui dérobe la connoissance de l’avenir, est prêt à se déchirer devant mes yeux.

Je serois plus en état, Messieurs, de vous entretenir des sentimens du cœur de M. de Saint-