Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/434

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sont grossièrement faits, nos pensées qui en prennent la force, sont sans clarté, sans précision, sans élégance. Alors vainement étudions-nous les écrivains de la Grèce ou de l’ancienne Rome : nous sommes peu capables d’en sentir les beautés ; nous ne les sentons au moins que d’une manière confuse ; et si nous voulons en déterminer les principes, nous nous faisons des règles qui ne peuvent que nous égarer.

Il est donc aisé de juger que les progrès du goût devoient être retardés en Italie, si on cessoit d’y cultiver l’Italien, pour se livrer uniquement à l’étude des langues mortes. C’est ce qui arriva au commencement du quinzième siècle, et plus encore après la prise de Constantinople, lorsque les Grecs, ces Grecs à qui on attribue faussement la renaissance des lettres, étouffèrent le goût qui en est le premier germe, et mirent à sa place une érudition pédantesque et peu éclairée. Alors l’Italie se divisa en deux sectes : les Érudits, qui respectoient les anciens jusqu’à une espèce d’idolâtrie ; et les Scolastiques, qui accusoient d’Athéisme, d’impiété, ou d’hérésie, quiconque se piquoit de parler comme Cicéron. Que pouvoit-on attendre d’un siècle attaché à des disputes si frivoles ?

Dans le suivant, l’Italie eut des esprits plus sages : on cultiva la langue Italienne ; on acheva de la perfectionner : on fut en état de lire les anciens avec plus de discernement. Le goût, qui