Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/439

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n’étoit pas encore sans ténèbres, et la saine critique étoit à naître. C’est que les érudits, qui, dans la prévention où ils étoient pour les anciens, paroissoient refuser aux modernes la faculté de penser, ne pouvoient apercevoir que, malgré eux, et par conséquent fort tard, la lumière qui se répandoit, et dont ils avoient besoin pour étudier l’antiquité ; enfin, ils l’ont aperçue, cette lumière, ils se la sont appropriée, et ils l’ont portée dans leurs ouvrages.

Tel est donc, Messieurs, l’ordre des progrès de l’esprit humain depuis la renaissance des lettres. Le goût a commencé avec l’étude des langues vulgaires ; il s’est perfectionné, lorsqu’il a eu fait assez de progrès pour puiser avec discernement dans les anciens. La philosophie se montrant aussitôt, nous avons eu de grands philosophes, comme de grands poètes ; et lorsqu’elle a eu forcé l’érudition à renoncer enfin à ses vieux préjugés, nous avons eu encore d’excellens critiques et d’excellens littérateurs.

Parmi eux se distingue M. l’abbé d’Olivet, à qui j’ai l’honneur de succéder. Une très-vive admiration pour quelques-uns des anciens s’empara de lui dès son enfance, comme il le dit lui-même, et devint l’ame de ses études ; mais son admiration, quelque vive qu’elle pût être, ne fut point aveugle. C’est Démosthène, c’est Cicéron qu’il admiroit ; et les traductions qu’il en