Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/45

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d’une vertu si éminentes. Un si grand effort n’a pu se faire sans épuiser la nature. Vos successeurs ne seront plus désormais que l’ombre de ce que vous êtes et des enfants qui n’auront que le seul nom de leurs pères. Que je sens de confusion à paraître aux yeux de tant de grands personnages et de n’apporter ici à bien dire que de louables désirs et des inclinations raisonnables ! Aussi Messieurs, mon dessein n’est autre, en ce lieu, que de m’instruire, que de profiter de vos exemples et de vos enseignements. Aujourd’hui que je me trouve en possession d’un bien que j’ai si longtemps et si ardemment désiré, je n’ai plus rien à souhaiter que d’en être digne. Mais comment m’en rendre digne ! Où chercher cette noblesse de génie qu’on en tire que du ciel et qui luit si heureusement et dans tous vos ouvrages. En vain on sue, on se consume sur les livres ; sans ce feu divin, on ne peut vous suivre, on ne peut monter avec vous au faîte de la montagne. Faisons donc ce qui nous reste, et si le ciel, si la nature nous refusent toute autre chose, du moins travaillons à vous comprendre, à bien comprendre les merveilles qui sortent de votre main. Apprenons à vous révérer, à vous admirer avec connaissance. C’est, Messieurs, ce que je ferai toute ma vie, et je le ferai avec tant de soin, avec tant d’ardeur, qu’à voir mon zèle peut-être confesserez-vous que je méritais