Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/508

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d’une agitation violente, ou, malgré la foule dont vous serez environnés, dans les ennuis de la solitude ; vous mourrez sans obtenir, sans répandre la plus consolante et la plus délicieuse des larmes. Malheureux ! vous n’aurez parcouru que les écueils et les déserts de la vie.

Aussi les talens même les plus distingués, les succès les plus éclatans ne suffirent-ils jamais, Messieurs, pour déterminer vos suffrages. Vous n’aimez à arrêter vos regards que sur celui qui, réunissant au don de sentir, à l’exercice de la pensée et à l’art d’écrire, une ame simple et élevée, loin de dégrader ses rivaux, loin même d’humilier l’ignorant, en lui faisant sentir le poids d’une supériorité toujours révoltante, sait cacher ou dissimuler ses forces pour les rendre plus utiles ; qui, n’opposant aux traits de l’envie et de la satire que l’honnêteté de ses mœurs, de ses principes et de ses ouvrages, rend en quelque sorte aux lettres la considération qu’il en reçoit ; qui, pénétré d’un respect profond pour la vérité, et d’un sentiment vif pour les lettres et les arts, voue une admiration sans réserve et une reconnoissance sans bornes au philosophe, au poète, à l’orateur, à l’artiste, à tous ces hommes enfin dont les productions, soit qu’elles épurent nos idées, soit qu’elles en étendent la sphère, soit qu’elles multiplient les sensations agréables, concourent également au bonheur de l’humanité.

À ces traits, Messieurs, vous reconnoissez sans peine l’homme