Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/512

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avec ceux de l’antiquité, je conçus quelques idées dont j’oserai vous exposer rapidement la substance.

Il y a eu un peuple fier et poli, savant et guerrier, passionné pour la gloire et pour le plaisir, qui, par le haut degré d’excellence où il porta tous les Arts, condamna les âges suivans à l’éternelle nécessité de l’imiter, et au désespoir de le surpasser jamais.

L’Athénien, disposé aux émotions douces avant même qu’il vît le jour, par le soin qu’il falloit avoir de n’offrir aux yeux d’une mère enceinte que des objets agréables ; l’Athénien, qui dès ses premières années, régloit tous ces mouvemens sur les sons cadencés et mélodieux de la voix et des instrumens ; qui, dans son enfance, formoit ses yeux au discernement des plus belles formes, en les dessinant lui-même ; qui puisoit ses premières instructions dans les vers les plus harmonieux de la plus harmonieuse des langues, et dont l’ame successivement préparée par la jouissance de chef-d’œuvres de musique, de peinture, de sculpture et d’architecture, recevoit au théâtre l’impression simultanée de tous les Arts combinés et réunis ; l’Athénien dut être, et fut en effet excessivement sensible au charme de l’éloquence : il abhorroit les fers de la tyrannie : mais il voloit au devant des chaînes de la persuasion.

Ce peuple long-temps gouverné par les seuls poètes, ses législateurs, ses prêtres et ses philosophes, s’