Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/52

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ne sont parvenues à toute leur force et à toute leur beauté que sous le règne d’Auguste, n’ont-elles pas aussi paru s’affoiblir et se corrompre sous celui de son successeur ? Mais pourquoi chercher des exemples si loin quand nous en avons de si proches et de si illustres ? N’est-il pas vrai, Messieurs, que si jamais cette monarchie n’a été dans un si haut comble de gloire que celui où notre invincible Monarque l’a portée par la sagesse de ses conseils et par les prodiges de sa valeur, jamais aussi notre langue n’est parvenue à un si haut point de perfection que celui où vous l’avez mise, par la délicatesse de vos expressions, et par la justesse de vos ouvrages.

Le lustre qui s’en répand sur cette nation, est trop visible pour être ignoré de personne ; mais je doute que le monde ait assez compris combien il a fallu de peines et de talens pour y parvenir, et combien votre emploi est étendu et laborieux. Toutes les autres sciences ont des objets limités, qu’elles n’outre-passent jamais ; celle d’un Académicien est immense et infinie, et c’est la seule dont les vues ne doivent point être bornées. Comme il lui appartient de juger de toute sorte de discours, il faut qu’il soit profond en toute sorte de matières ; que le Parnasse et le Lycée, la Chaire et le Barreau, la Ville et la Cour, soient pour lui des pays de connoissance ; que tantôt il rappèle l’antiquité,