Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/521

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rejeter ou admettre les mots qui s’introduisoient dans le monde et dans les livres.

Ce travail ne pouvoit convenir qu’à un corps composé d’hommes choisis dans tous les ordres de la société. C’est ce que sentit votre immortel fondateur ; et la forme qu’il donna à l’Académie est un des plus grands services qu’un homme d’état pût rendre à la littérature françoise.

Le cardinal de Richelieu aimoit à cultiver les lettres ; il s’honora d’en être le protecteur ; et quand il ne les auroit pas encouragées pour elles-mêmes, il l’eût fait encore pour l’intérêt de son ambition et pour sa propre gloire.

Après ces longues secousses de guerres civiles qui donnèrent aux ames tant de ressort et d’énergie, il y avoit encore dans la nation un germe d’inquiétude qu’il étoit important de fixer. Richelieu vit, d’une part, qu’il falloit offrir à des ames ardentes un aliment capable d’exercer leur activité ; et de l’autre, que le goût des lettres, incompatible avec l’esprit de faction, est nécessairement ami de l’ordre, de la paix et des lois. En humiliant un parti encore nombreux et formidable ; et en retirant des mains de la noblesse un pouvoir usurpé, dont elle abusoit pour concentrer toute la force publique dans les mains du Monarque, il sentit qu’il étoit nécessaire de tranquilliser les esprits qu’alarment et qu’effarouchent toutes les innovations ; qu’il falloit chercher à diriger l’opinion publique, que la puissance