Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/57

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nnaissance, que la nature apprend à tous les hommes, sans exposer les raisons qui me font paraître ma réception dans cette illustre compagnie si avantageuse et si honorable, ne serait-ce pas me rendre indigne d'entrer dans un corps si célèbre, et démentir en quelque sorte l'honneur que vous m'avez fait par votre choix ? Il faut donc vous dire, Messieurs, que je ne regarde pas seulement cette académie comme une assemblée d'hommes savants, que l'amour et la connaissance des belles-lettres unissent ensemble.

Quand je remonte jusqu'à la source de votre institution, un si bel établissement élève plus haut mes pensées. Oui, Messieurs, c'est cette ardeur infatigable qui animait le grand cardinal de Richelieu à porter au plus haut degré la gloire de la France ; c'est, dis-je, cette même ardeur qui lui inspira le dessein de former cette compagnie. En effet, s'il est véritable, comme disait l'orateur romain, que la gloire consiste, ou bien à faire des actions qui soient dignes d'être écrites, ou bien à composer des écrits qui méritent d'être lus, ne fallait-il pas, Messieurs, que ce génie incomparable joignit ces deux choses pour accomplir son ouvrage ? C'est aussi ce qu'il a exécuté heureusement. Pendant que les Français, animés de ses conseils vigoureux, méritaient, par des exploits inouïs, que les plumes les plus éloquentes publiassent leurs louanges, il prenait soin d'assembler dans la ville capitale du royaume l'élite des plus illustres