Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/89

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pour la pureté de la langue ; Corneille, grand et hardi dans ses caractères, ou est marquée une main de maître ; Voiture, toujours accompagné des graces les plus riantes et les plus légères ; on y trouve le mérite et la vertu joints à l’érudition et à la délicatesse, la naissance et les dignités avec le goût exquis des lettres ; mais je m’engage insensiblement au-delà de mes bornes ; en parlant des morts, je m’approche trop des vivans, dont je blesserois la modestie par mes louanges.

Pendant cet heureux renouvellement des lettres, M. Pélisson présente un beau spectacle à la postérité. Armand, cardinal de Richelieu, changeoit alors la face de l’Europe, et recueillant les débris de nos guerres civiles, posoit les vrais fondemens d’une puissance supérieure à toutes les autres. Pénétrant dans le secret de nos ennemis, et impénétrable pour celui de son maître, il remuoit de son cabinet les plus profonds ressorts dans les cours étrangères, pour tenir nos voisins toujours divisés. Constant dans ses maximes, et inviolable dans ses promesses, il faisoit sentir ce que peuvent la réputation du Gouvernement, et la confiance des alliés. Né pour connoître les hommes, et pour les employer selon leurs talens, il les attachoit par le cœur à sa personne, et à ses desseins pour l’État. Par ces puissans moyens il portoit chaque jour des coups mortels à l’impérieuse maison d’Autriche