Page:Chopin et Sand - Lettres, éd. Sydow, Colfs-Chainaye et Chainaye.djvu/45

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lui, la tête penchée sur l’épaule et la bouche entr’ouverte par un triste sourire, je me suis imaginé qu’il devait rêver de ruisseaux murmurants et de mornes adieux échangés sous les sombres allées des bois, tandis que le vieux Croyant,[1] dont nous écoutons avec une admiration si respectueuse la parole évangélique, avec ses mains jointes, ses yeux fermés, son front chargé de rides, semblait interroger le Dante, son aïeul, sur les secrets du ciel et les destinées du monde. Pour moi, caché dans le coin le plus sombre de la chambre, je pleurais en suivant de la pensée les images désolantes que vous m’aviez fait apparaître. En rentrant chez moi, j’ai essayé de les rendre à ma manière dans les lignes suivantes. Lisez-les avec indulgence, et quand même j’y aurais mal interprété votre Ballade, agréez-en l’offrande comme une preuve de mon affection pour vous et de ma sympathie pour votre héroïque patrie.


17. — Eugène Delacroix à Pierret, à Paris.

Valmont, 5 septembre 1838.

Cher bon[…] Autre commission que je réclame de ta bonté : ce serait, en te promenant, d’aller au coin de la rue Grange batelière et du boulevard chez Pleyel, facteur de pianos, le prier de faire enlever chez moi, Delacroix rue des Marais St Germain 17, le piano que M. Chopin y a fait porter il y a deux mois environ.

  1. Adam Mickiewicz.