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loulou

sante turbulence des carabins, ses compagnons.

… Et, il n’y était jamais allé.

Ça lui faisait peur d’abord : il enveloppait tout le tableau qu’il se figurait dans des pensées d’épouvante et d’horreur, encore grossies par ses imaginations naïves d’écolier. Puis il y avait toujours à propos de prompts retours d’idées chastes qui le retenaient.

Pour le reste, oui, il ne s’en occupait guère, et il s’était vite mis dans le train de vie de l’étudiant : tapant ferme sur ses études, ses cours, sans manquer toutefois les chahuts de commande, les légères godailles improvisées, les tapages organisés les soirs de théâtre. Mais quant à pénétrer dans ces repaires affreux de perdition, à envisager seulement ces mégères qui l’écorcheraient vivant sans doute, lui souffleraient leurs haleines empoisonnées de lépreuses… non, il n’osait pas se décider, effarouché. Il y avait toujours un blanc fantôme d’ange-gardien, retenu de son temps de collège, qui s’entêtait à ne pas l’abandonner.

… Un soir cependant, dans l’atmosphère des cigarettes, du cognac brûlé, du scotch, qui embaumait le salon de l’Aurore, il avait senti se fondre insensiblement dans le même nuage les restes flottants de ses scru-