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pauvre jalap

fauteuil… Tout cela m’a manqué aujourd’hui tout à coup.

Ça n’a été que des imaginations persistantes, des visions menteuses, — où je me représentais mon « Jalap » dans ses différentes poses favorites, — qui m’ont tout le jour poursuivi en même temps qu’une étrange sensation de vide et d’isolement ; comme si j’eusse erré dans une maison de rêve, perdue elle-même dans quelque village que je ne reconnaissais plus.

Le lecteur de mes « Carabinades » qui ne comprend pas ma tristesse, est un sans-cœur.

Non, ce tableau navrant de mon chien décapité sur la voie ferrée, encore chaud à l’heure où nous sommes allés le voir en pèlerinage, — ma femme, mon Claude sur le bras, — ce tableau m’est encore trop vivant à l’esprit.

Il était là, gardant dans son impassibilité sa même expression de crânerie… pourtant, son œil demi-clos semblait contenir, lui, l’angoisse de la minute suprême qu’il avait traduite par deux cris, paraît-il, — deux cris navrants à fendre l’âme, — poussés au moment où la lourde machine l’avait fracassé dans son vol.

Pauvre Jalap !

Mon petit Claude ne comprenant