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Claude Paysan

— Oui, continuait-elle, votre compagnon ne vous oubliera point lui non plus ; d’en haut, il veillera encore sur vous, et vous protégera

Alors la mère Julienne avait senti ses larmes moins amères, son accablement moins pénible, sa vaillance renaître comme sous une vivifiante rosée.

Elle relevait maintenant sur Fernande ses yeux rougis, pour lui traduire d’un regard toute la sincérité de sa reconnaissance, et sa figure avait l’air d’ajouter en même temps : vous avez bien de la chance, vous, d’être si bonne, et combien vous le méritez d’être heureuse et riche.

— Je reviendrai, reprenait Fernande, je reviendrai demain avec ma mère vous apporter des fleurs… maintenant, soyez courageuse et sage, bien courageuse et bien sage… vous savez…

Elle avait un ton qui impressionnait, cette petite demoiselle, tant il était bon et sincère et vraiment la vieille Julienne, tout-à-fait inconsciemment, se sentait prête à lui obéir, à ne plus tant pleurer.

Maintenant Fernande s’en retournait.

En descendant les marches basses du perron, elle avait jeté, en passant, un regard de pitié vers Claude ; mais comme celui-ci était encore avec son ami Jacques elle avait continué son chemin sans lui rien dire.

… On lui avait mis une longue redingote noire très ancienne, à larges revers, conservée depuis le jour de son mariage peut-être, au vieux Claude. Ses cheveux blancs, bien lissés et relevés en boucles sur les tempes, ressemblaient à de la ouate mise autour