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Claude Paysan
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suppliant crescendo, qui cessait et reprenait aussitôt avec les mêmes intonations de mélancolique bourdonnement.

Elle répondait aussi, la vieille Julienne ; en même temps elle pensait à celui qui dormait toujours, tout auprès, sous sa couche de terre, et cet autre, là, à son côté, qui était son fils…

La prière terminée, pendant que le prêtre en chasuble dévoilait son éblouissant Saint-Sacrement, une voix, soutenue par un craintif accompagnement d’harmonium chantait des cantiques du haut des jubés.

On les choisissait toujours naïfs et très anciens ces pauvres cantiques comme s’accordant mieux avec les sentiments de douce humilité de l’assistance.

C’était le dernier soir de mai, la clôture du mois de Marie. Et, la foule pieusement prosternée lui faisait pour jusqu’à l’an prochain des adieux attendrissants…

C’est si long une année vue d’avance. Y seraient-ils bien encore à cette époque, à cette même banquette, Claude et sa vieille mère ? Ils y songeaient tristement tous les deux en eux-mêmes…

Et comme pour répondre à leurs rêveries, une jeune fille, qui y songeait peut-être elle aussi à ces jours si loin du prochain mai, entonna tout à coup d’une voix grave et douce un dernier cantique à la Vierge…

Oh ! cette voix… Croyant la reconnaître, Claude avait frémi jusque dans ses fibres profondes en l’écoutant dans le silence. Cependant ces modulations mélancoliques, ces inflexions si tristement dolentes jamais il ne les avait auparavant entendues.