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III


Il y avait autour du cimetière une haute clôture de planches fixées à de gros pieux rugueux. À chaque été, on la blanchissait à coups de pinceaux hâtifs, et les trous des nœuds, très noirs sur ce blanc, faisaient dedans comme des yeux.

Souvent les petits garçons de catéchisme, assis auprès, à l’ombre des grands ormes ou des sapins, regardaient par là aller les passants.

Au dedans de la clôture, c’était partout, irrégulièrement disséminées par groupement de familles, des croix de bois, des pierres tombales ; il y en avait beaucoup de brisées, par terre dans les herbes, des très anciennes sur lesquelles le temps avait rongé et limé les lettres noires.

Tout le terrain était inégalement bossué et creusé à cause des fosses nombreuses qu’on y ajoutait sans cesse ; car les années seules venaient lentement le niveler, en y laissant croître des fleurs sauvages, des arbustes feuillus, des buissons, des tiges de toutes sortes.

C’était là, dans un coin, qu’on avait déposé le vieux Claude. Sur sa fosse à lui, fraîche et bien unie, il n’y avait rien de ces choses incultes, que quelques pauvres fleurs discrètes, des violettes et des pensées.

Pour s’y rendre, on longeait pendant quelques pas le mur de la vieille église, puis on allait à gauche en-