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Claude Paysan
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Puis son regard était si doux, sa bouche si chargée de tout ce qu’il y a de divinement bon dans le cœur de la mère, qu’en la regardant on ne voyait plus ni sa pâleur, ni ses paupières battues, ni ses rides, non, rien que la rayonnante bonté de toute sa figure et on la trouvait presque belle encore.

Ses costumes vieillis, démodés, quoique toujours très propres, ne l’inquiétaient guère, par exemple. Et des fois, car c’était habilement posé et dissimulé dans les replis de l’étoffe, on découvrait par hasard des pièces aux coudes ou aux rebords de ses jupes.

C’est qu’elle aimait mieux, oh ! combien mieux, la pauvre vieille, porter secrètement, sans que personne la vît, ses robes et ses souliers usés, pour fournir en retour de beaux habits neufs à son fils Claude. « Il est jeune, lui », disait-elle alors, se sentant toute heureuse et fière de lui offrir des joies et des largesses faites de ses sacrifices et de ses misères.

Ils se racontaient toutes sortes de choses, tous deux, le soir, durant la veillée. La mère continuait bien encore quelques quarts d’heure à tricoter ou à faire jouer sa navette sur la chaîne de son métier et tout en causant intimement, familièrement, Claude s’amusait à la regarder faire… Ces broches, cette trame, qu’elle maniait si vite sans jamais se tromper…

Dans le cercle de lumière de la bougie qui élargissait leurs mouvements sur les murs, ils se parlaient à voix tranquille.