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IX


Tout souriait.

C’était en plein soleil, en pleine et luxuriante végétation. Le printemps avait tout réveillé à la vie, et, dans son petit champ, lui aussi joyeux de sourire à sa manière, Claude travaillait à ses semailles.

Marchant d’un pas lent et martelé, il jetait à pleines mains, dans un grand geste circulaire, l’avoine, le blé, toute l’ondée vivante de la semence dont il aspergeait le sol, certain que celui-ci la lui rendrait plus tard en la décuplant.

Il se sentait presqu’heureux lui-même, comme arraché maintenant au charme triste qui l’assombrissait toujours. Ses yeux ne se reposaient tout autour de lui que sur des choses vertes, couleur d’espérance.

Au loin, sur la pente d’un coteau voisin, il voyait Jacques qui hersait la terre ; il le distinguait bien. Aussi le regardait-il souvent pour juger s’il avançait vite dans sa besogne. S’il le voyait arrêté un instant, il en arrangeait tout de suite la raison dans sa tête : une pierre dans les dents de la herse… une motte de terre durcie, une boucle brisée au harnais…

Ensuite il regardait ailleurs, toujours distrait, faisant son grand geste de semeur dans la limpidité cristalline du ciel.