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Claude Paysan
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pagne, et elle y pensait longtemps d’avance… Elle se sentait mieux tout de suite, plus forte, plus en appétit … ici, elle trouvait tout bon…

Claude l’écoutait avec intérêt sans rien dire.

Quoique profondément troublé en sa présence, il aimait presqu’autant qu’elle ne partît plus à présent…

Même il désirait qu’elle continuât à lui parler encore, et il cherchait rapidement dans sa tête des mots pour prolonger la conversation et la retenir ainsi plus longtemps… mais il ne trouvait rien… rien…

Alors Fernande, tout à coup, en le regardant :

— Oh ! Les belles cerises que vous avez…

Ceci le troubla beaucoup d’entendre cette réflexion. Il sentait bien qu’il devait lui en offrir, mais il ne savait comment le lui dire, et il sentit une nouvelle marée rouge qui envahissait son visage, embrouillait ses yeux.

Il se risqua à la fin, car elle se préparait à s’éloigner :

— Oui, des cerises que j’apportais à ma mère…

Puis, dans un effort :

— Les voulez-vous ?… reprit-il.

— Non, simplement une grappe, répondit-elle avec un charme exquis… Non, monsieur Claude… merci…

Elle avait avancé ses doigts… mais il refusait, voulait lui en donner davantage… voulait les lui donner toutes…

Alors, comme elle tendait son tablier blanc, Claude, pâle à présent et tout bouleversé, y vida malgré elle le contenu de son chapeau, toute sa cueillette de cerises.