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Claude Paysan

une massue au milieu des épis jaunes des blés — sa faux encore à son côté.

Des alentours, les voisins, occupés à la moisson, étaient accourus de leurs champs au secours de ce bon vieillard si soudainement foudroyé sous leurs yeux presque. Alors ils l’avaient soulevé de leurs bras robustes, apporté au logis et doucement déposé sur un lit, dans un coin.

…Il respirait cependant encore, le père Claude, très péniblement toutefois, avec de grosses expirations en bouffées qui gonflaient ses joues. Sans un mouvement, il reposait dans une inertie pesante ; sa vieille tête de paysan et de travailleur tranquillement appuyée, mariait la blancheur de ses cheveux à celle de l’oreiller.

Rien n’avait fait prévoir cet effondrement subit du robuste et vert vieillard que paraissait être le père Claude Drioux, mais ces énergiques paysans, — endurcis au travail vivifiant de la terre, sacrifiant toute douleur à cette besogne, toujours très rude de chaque jour, qui jeunes les fortifie pour les ruiner à l’âge mûr, — succombent tout d’un coup. La surface apparemment solide ne peut plus à un certain moment soutenir le mécanisme rouillé, usé du dedans et tout s’écroule dans un dernier râle qui rappelle le craquement du chêne dans sa chute.

Puis le médecin mandé en hâte était accouru. Il n’avait eu que quelques mots consolateurs. La sévérité de l’attaque ne laissait guère d’espérance et le véritable secours ne devait plus venir que d’en haut.

En effet, c’était bien de là qu’elle l’attendait, la