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revoir, après une si longue et si douloureuse absence. Accompagné de deux sauvages, il pénétra à travers la forêt jusqu’à la rivière Saint-Jean, où il trouva un grand nombre de sauvages qu’il évangélisa et un établissement assez nombreux et prospère d’Acadiens échappés à la déportation au loin par un coup de main assez hardi.

Voici comment l’abbé Casgrain rapporte le fait dans son livre « Pèlerinage au pays d’Évangéline » :

« Pendant que les transports cinglaient sur la Baie de Fundy, un Acadien de Port-Royal, du nom de Beaulieu, ancien navigateur au long cours, ayant demandé au Capitaine du navire où il était détenu, avec deux cent vingt-quatre autres exilés, en quel lieu du monde il allait les conduire ;

— Dans la première île déserte que je rencontrerai, répondit-il, insolemment.

«  Hors de lui-même, Beaulieu, qui était d’une force peu ordinaire, lui asséna un coup de poing qui l’étendit sur le pont. Ce fut le signal pour les autres captifs, qui probablement s’étaient concertés d’avance. Quoique sans armes, ils se précipitèrent sur leurs gardes, en blessèrent quelques-uns et mirent les autres hors de combat.

« Beaulieu prit le commandement du transport et alla l’échouer dans la rivière Saint-Jean, près de la mission que dirigeaient les P. P. Germain et de la Brosse. »

M. Bourg demeura plusieurs jours à la rivière St-Jean, donnant la mission à tous les postes français et sauvages de l’endroit. Comme ils furent heureux ces pauvres Acadiens de voir au milieu d’eux un prêtre de leur race, eux si avides de la parole de Dieu et des secours religieux ! Mais combien pénibles étaient ces missions pour le missionnaire ! Il fallait à chaque petit bourg, à chaque station même, au milieu d’un petit groupe de quelques familles, quelquefois sous la misérable cabane d’un pêcheur au bord