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une fois payés et la rente annuelle, sauf qu’il n’y eût point de perpétuité.

Dans le courant de l’été 1791, M. Desjardins se rendit à Québec dans l’intérêt de ses missions. Le 6 octobre, il était de retour et écrivait de la Pointe St-Pierre à Mgr Plessis.

« Vos sages conseils m’ont un peu rassuré, et vos bonnes prières beaucoup protégé dans mon heureux retour. Trois jours passés à l’Ile-aux-Grues, et quatre pour nous rendre ici, voilà l’histoire de notre voyage qui n’offre rien d’intéressant que la joie de l’équipage, et la sensibilité du capitaine surtout lorsqu’on parlait de vous, sujet trop agréable pour ne pas y revenir à plusieurs fois. »

« Je me félicite plus que jamais d’avoir repris le chemin de ma Baie, et il me semble que c’est un plaisir assez partagé par mes bons amis ; puis-je répondre à leur espoir et au vôtre ! J’ai besoin de votre indulgence et de vos prières ; je les réclame avec instance. La bonté très affectueuse avec laquelle vous avez voulu me recevoir chez vous et m’y mettre si à mon aise, me pénètre de la plus vive reconnaissance.

« Vous croirez aisément qu’il m’en coûte de quitter Québec ; un frère, et j’ose dire des pères, des amis, tel que ceux que j’ai trouvés en vous et M. Gravé, méritaient bien quelques regrets. J’ai accepté cette mission de votre main et avec une nouvelle joie ; je vais me mettre en hivernement à Carleton. Je me propose de revenir de grand printemps pour passer ensuite l’été à Ristigouche, y cultiver un peu mes sauvages et des « patates », s’ils peuvent en avoir à planter. »

Les Acadiens de Carleton, comme leurs cousins les Canadiens, avaient conservé le caractère que l’on retrouve partout où la race française s’est implantée. Une certaine légèreté d’esprit, qui s’inspire souvent bien plus volontiers