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Victoire, fort inquiète du long séjour de son frère parmi les sauvages, et connaissant son zèle immodéré, se rendit auprès de lui pour lui porter des vivres. « Je l’ai trouvé, dit-elle, bien à jeun ; il y avait deux jours qu’il n’avait pas mangé. Quand il m’a vue, le premier bonjour fut de me demander si je lui apportais du pain. Il avait de la peine à marcher. Je le trouvai décharné, pâle et noirci par le soleil. Je lui donnai à manger, il a repris un peu de force, le lendemain nous avons eu une belle cérémonie, un beau sermon. »

Comme aujourd’hui, la proximité de la petite ville de Campbellton, était une occasion de démoralisation des mœurs des sauvages. L’ivrognerie régnait avec son cortège de misères. M. Painchaud eût fort à faire pour mettre à l’ordre les vendeurs de liqueurs fortes, non seulement aux sauvages, mais aussi aux blancs. Mais il sut triompher de toutes ces difficultés.

Mgr  Plessis lui écrivait : « Puisse cet heureux calme durer toujours ! Vous y avez quelque droit par le courage avec lequel vous avez soutenu la tempête. »

M. de la Vaivre ayant été forcé de quitter Bonaventure, à cause de sa santé qui dépérissait tous les jours, M. Painchaud eut à desservir cet endroit et les postes environnants, ainsi que Percé devenu vacant par le départ de M. Lefrançois, en 1804, pour la cure de l’Ile-aux-Coudres.

Il se plaignait amèrement à Mgr  Plessis de ne pouvoir suffire aux besoins toujours croissants de ces nombreuses et lointaines missions. Aussi l’Évêque lui envoya-t-il le Père Fitzsimmons, récollet d’origine irlandaise.

À cette époque, le commerce du poisson avait pris de grandes proportions dans toute la Gaspésie et la Baie-des-Chaleurs. À Carleton, où le poisson abondait, ce fut durant plusieurs années le seul commerce productif. Aussi les habitants négligeaient-ils le défrichement de leurs terres, et il