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Il y avait un tel accent de supplication et de vérité dans les paroles de M. Faucher, que les chefs se sentirent émus à leur tour.

« Nous promets-tu formellement, dit l’un d’eux, en s’adressant au « patriarche », que d’ici à un an nos droits seront reconnus, et qu’on les respectera dorénavant ? »

« Je vous le promets, mes enfants, » répondit M. Faucher.

« Eh bien ! si tu ne dis pas vrai, mon père, les Anglais de Ristigouche n’auront vécu qu’un an de plus, » répondit d’un ton farouche le grand chef, en donnant l’ordre de retourner à la mission.

M. Faucher tint la promesse faite aux Micmacs, et quelque temps après le Parlement du Bas-Canada passait une loi protégeant les droits des sauvages. Elle fut sanctionnée le 9 mars 1824, et le comte George Dalhousie vint lui-même rendre visite aux sauvages de Ristigouche et confirmer la bonne nouvelle.

Voilà comment, pour une autre fois dans ce pays, un missionnaire catholique sauva la vie à un grand nombre d’Anglais, et prévint par sa courageuse intervention un désastre gros de conséquences déplorables.

En 1824, la population de Carleton, était de 854 âmes. Le commerce de poisson y avait pris des proportions considérables.

On l’exportait en Europe et aux Antilles et on l’échangeait avec les produits de ces différents pays. Plusieurs bateaux pêcheurs tenaient une ligne régulière avec Québec et autres villes du Canada, et parmi les hardis navigateurs de cette époque, les capitaines Landry, LeBlanc, Allard et Boudreau, se faisaient remarquer.

Dès le printemps arrivé, un grand nombre de goëlettes partaient pour la chasse aux loup-marins sur les glaces des Îles de la Madeleine et s’avançaient même jusqu’à Terre-