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L’ŒIL DU PHARE

précipices sous-marins de ces parages, où la sonde perd sa touée et où la pression énorme des eaux l’empêchera de remonter jamais à la surface.

Pendant quelque temps encore, le deuil des parents, la sympathie des amis, l’anxiété des recherches entretiendront dans les âmes le souci du sort de Gilles Pèlerin et des siens. Puis, l’absence d’informations nouvelles, l’inanité des suppositions étendront peu à peu l’indifférence sur son souvenir, de même que se sera rétablie la placidité des eaux sur ses restes mortels.

Non, pourtant, ne médisons pas du cœur humain. Du fond de l’abîme, il remontera sans cesse, ce souvenir de Gilles Pèlerin, pour hanter l’âme pieuse d’une femme et d’un enfant, qui n’apprendront pas à l’oublier.

Chaque fois que du haut de la tour blanche s’ouvrira l’œil fulminant du phare, par-dessus les embruns des vagues tourmentées ou l’irradiation des feux crépusculaires sur les ondes alanguies, il surgira, ce souvenir, dans ces cœurs aimants ; il