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LA TRAME ROMPUE ET LA GRANDE PITIÉ DE JEAN

cette candeur, heureusement pour notre société, est la contrepartie, l’antidote de certaine afféterie féminine rendue séductrice par une fausse instruction. En ces moments si pénibles, il n’a pas le loisir d’édifier ses chagrins au spectacle de la vertu inculte. Ce sont les affres de la mort, de la mort de sa mère qui vont accaparer toute son âme et tout son cœur, pour ne lui laisser pendant longtemps qu’une désespérance farouche aux prises avec la tendresse assagie mais impuissante d’un vieux curé.

Enfin, après quelques semaines d’anxiété, voilà que celui-ci et le médecin jugent le moment venu d’administrer à la malade les sacrements des mourants. La triste nouvelle flambe comme une traînée de poudre d’un bout à l’autre du village. Dès lors, à la place des jalousies cancanières, suivies de moqueries satisfaites, dont la veuve et son fils avaient été l’objet depuis un an, une sympathie réelle et réparatrice se manifesta partout pour ces malheureux. À mesure que la vie se retire chez la malade et confond l’espoir pourtant si tenace de