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L’ŒIL DU PHARE

le regret sans doute de leur bonheur familial trop tôt révolu, grâce à l’aide et à la sympathie pratiques de bons voisins.

Pendant les premiers mois de leur détresse, la charité discrète de leurs covillageois s’employa à trouver les moyens de parer à l’imprévu de leur nouvel état de vie. C’était l’automne, à l’époque où l’on ne peut, avant de longs mois, demander à la terre le salaire de son propre travail, mais où l’on doit compter sur ce qu’elle a bien voulu donner aux autres. C’était à l’époque aussi où dans nos campagnes, une belle coutume vous obligeait, quand la saison vous avait été propice, de faire honneur à celui-ci, ou de faire aumône à celui-là d’une pièce particulièrement bien venue dans le potager ou des morceaux de choix de la boucherie. De-ci, de-là, cadeaux complimentaires ou charitables affluèrent dans le garde-manger de la pauvre famille qui se trouva amplement pourvue pour les mauvais jours.

Mais il fallut aussi pourvoir à l’avenir ; à quoi le curé de la paroisse consacra toute