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RETOUR ET DÉPART

comme tu le dis, suivre un peu mes derniers conseils.

— Soyez certain toutefois qu’à votre égard le cœur chez moi saura dominer le caractère.

— Puisqu’il en est ainsi, voici le bon conseil que j’ai à te donner. Tu ne t’en iras pas seul, là-bas, vivre avec tes parents riches. Non, pas seul, mais avec une épouse canadienne, afin que je sois plus certain qu’après avoir fait fortune, — ce que je te souhaite bien, — tu resteras le chef d’une famille toute canadienne, aux mœurs canadiennes, à la langue, à la religion absolument canadiennes françaises.

« Ah ! pauvre enfant, je sais bien que je suis assez mal venu pour te conseiller à l’article du mariage. Je vois ta figure s’assombrir, tes yeux s’abaisser pour ne pas me fulminer de reproches. Ce serait juste si je n’avais pas autant que toi souffert de notre première déconvenue. Mais remercions Dieu qui a voulu nous épargner les suites de mon écart de sagesse, et me laisser la vie sinon pour t’imposer de nouveaux projets,