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L’ŒIL DU PHARE

du moins pour te donner ces conseils que tu me demanderais d’ailleurs. — Je te l’ai déjà avoué, j’avais mal choisi pour toi la compagne de ta vie. C’était une idole, vois-tu. Or, il ne faut plus croire, en ce siècle, aux idoles, ni aux idolâtres de salons. Avant le mariage, ces obséquiosités ridicules et ces abdications d’amoureux préparent les incompatibilités du ménage qui nécessiteront plus tard des éclats d’autorité. Il faut se défier de la femme qui aime à se laisser dire : — « Je vous adore », de crainte que, prenant son rôle de divinité au sérieux, et s’autorisant de ce sacrilège, elle ne veuille encore se faire toute-puissante. Tu n’aurais pas su commander dans ton ménage qui eût été un mauvais ménage.

— N’attendez pas de moi aucun reproche à ce sujet. Ce qui m’étonne plutôt, c’est votre proposition de mariage ici où je ne ferai que passer. Je ne suis pas encore établi. Comment pourrais-je assumer cette responsabilité avec autant d’incertitude ?

— Voilà une objection d’ordre purement matériel. Il est facile d’y obvier. Dis-moi