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LE COUSIN D’AMÉRIQUE

Jean, un soir, ce que pense de moi monsieur le curé ? Hier, me parlant un peu, comme ça, des choses tristes dont il est témoin, dans les familles du village, où il est chargé d’aller annoncer quelque malheur et plus souvent appelé pour les consoler, il a fini en me disant : — « Tu en verras bien d’autres, va, mon Jean, quand tu seras prêtre ! »…

Lui, Jean Pèlerin, prêtre un jour ! Elle, un jour, l’ignare, presque la miséreuse, voir son fils unique monter à l’autel, la bénir, la communier !…

Non, ce ne sera qu’un rêve !

Si heureux cependant qu’il fut du perfectionnement moral et intellectuel de son élève, le prêtre s’inquiétera bientôt du résultat de son zèle, du mode tant soit peu inconsidéré de son action charitable. Cet enfant, ainsi élevé, n’aura pas joui des amusements de l’enfant. Retenu trop tôt et trop longtemps dans l’orbite, chez lui, d’une âme toujours en deuil, chez son précepteur, d’une intelligence trop au-dessus de son niveau, il n’aura rien connu