Page:Chouinard - L'œil du phare, 1923.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
237
NOSTALGIE

Dès leur première visite, Jean plus vivement suggestionné par ces menus faits topographiques, ne voulut pas en écarter l’impression comme l’on fait d’une tristesse parasite dans un moment heureux. Il la conserva et en fit part aux siens qu’il conduisit sans arrêt auprès de l’église, à l’entrée du cimetière, où logeait, hélas ! ce qu’il lui restait de son foyer paternel, et où pouvait s’aviver encore l’ardeur de son dévouement familial. Il savait bien à quel endroit précis du champ funéraire on avait déposé, un jour inoubliable, la pauvre mère qui le quittait seul dans la vie. Et d’un pas sûr. il alla s’y agenouiller, comme s’il eût eu besoin de baigner un instant son âme dans les larmes de son passé pour mieux remercier la Providence de lui avoir été si propice et ne s’être pas laissé vaincre en générosité !

Et sur cette tombe perdue dans les herbages adventices, il pleura en remerciant aussi l’âme trépassée qui lui avait mis au cœur l’ardeur et la foi des croyants et des vaillants.