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L’ŒIL DU PHARE

donnant vue si large sur le grand fleuve, en face du phare indiquant la route à suivre pour affronter les périls de la mer, comme il en est aussi au milieu des écueils de la vie !

Ce beau soir d’été, quand seul avec lui, à l’endroit isolé de la grande route vicinale où vivaient autrefois si intimement les pauvres familles de la veuve Pèlerin et de Charles Després, Émile Dupin fit cette remarque à son cousin Jean, le mal nostalgique s’empara à demeure de celui-ci.

La tombée de la nuit se fait douce et impressionnante. De ces lieux autrefois si familiers aujourd’hui redevenus presque sauvages dans l’abandon et la pauvreté, Jean voit surgir le fantôme de sa jeunesse aux traits si peu riants. Il en reconnaît toutefois, il en aime la candeur ; il l’associe aux souvenirs des siens auxquels il voudrait demander pardon de sa vie meilleure dans la restauration matérielle, à l’étranger. Sa figure s’assombrit, il regarde son cousin d’un œil qui va pleurer, lorsque, tout à coup, l’éclair subit du phare pénètre son esprit