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L’ŒIL DU PHARE

d’un bâton. Or mourir, c’est rallier l’infini et aussi l’âme des ancêtres dans l’infini. C’est rallier le drapeau dans la défaite et combien plus heureusement encore, dans la victoire. Aujourd’hui, parce que les combats de la vie t’ont conduit à la victoire, ton bonheur n’est que plus grand de te rapprocher par anticipation de cette âme familiale, dans cette nature qui en a consacré le souvenir à tes yeux.

— Mon cher Émile, tes raisonnements m’égarent. Si tu le veux bien, descends un peu de là. Ai-je parlé de mourir déjà ? Est-ce à mon âge, avec une famille d’adolescents à orienter dans le monde que l’on abdique les devoirs et les intérêts de la vie pratique, pour la philosophie in extremis ?

— Ne confonds pas, je t’en prie, les devoirs avec les intérêts.

« Tout ce qui s’est fait de grand dans le monde s’est fait au cri du devoir ; tout ce qui s’y est fait de misérable s’est fait au nom de l’intérêt ». Va, retourne là-bas, au milieu de tes ambitions maintenant à peu près satisfaites, et attends-y l’heure où le cri du devoir accompli aura meilleur