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PREMIÈRE ABSENCE DE JEAN

cette heure. Il me semblait qu’avec de la prudence et de la persistance, nous aurions pu conduire Jean jusqu’au clergé. Mais, que voulez-vous, un jeune homme se déroute si facilement.

— Ce n’est pas son cousin qui l’en empêchera. Au contraire, les Dupin pourraient nous aider. Ma sœur m’a bien dit qu’elle ne nous abandonnera pas.

— Ce n’est pas non plus du côté matériel que je vois l’obstacle pour le moment. Oh ! non. Je crains que ce jeune homme, élevé à l’américaine, ne lui laisse dans l’esprit des choses qui changeront ses idées. Voilà ! Je ne puis pas oublier ses dernières paroles, l’autre jour, par exemple : — La patrie, c’est là où l’on est bien !

« J’ai vu alors dans l’œil de Jean comme un éclair qui me présage l’orage. Trop tôt chercher les biens matériels, cela peut d’abord lui faire manquer son instruction et ensuite son vrai bonheur. Il sera mal situé, entre son cousin riche suffisamment instruit déjà et nous, pour apprécier ce que valent indépendamment l’une de l’autre