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L’ŒIL DU PHARE

ture ? — Eh ! bien, soit ! Allons ! Partons ! Je te suis. Tu fermes tes livres. Tu quittes ta mère, pour ne plus jamais la revoir ici-bas peut-être, et le Canada, cela va de soi, puisqu’on n’y fait guère de fortunes rapides. Tu travailles, tu peines, à l’étranger et pour l’étranger. Au mieux, — ce qui n’est pas sûr —, tu t’enrichis comme l’oncle Dupin. — Et après ? Tu meurs, et ceux à qui tu laisses ton nom avec tes biens pourront aussi venir un jour visiter en touristes, l’air dédaigneux, ta patrie, ton village natal qui n’auraient su te donner qu’un cœur de paysan, une mentalité canadienne française et une âme croyante et religieuse. Mais ce cœur de paysan, cet esprit canadien, cette âme avant tout catholique, quelle aura été leur part dans ce beau résultat de ta vie ? Peux-tu me le dire aussi d’avance ? Jean, le veux-tu, laisse-moi rêver autre chose pour toi, autre chose qui répondra mieux à nos légitimes aspirations. Je suis obligé d’anticiper un peu la révélation de mes projets. Tu sais que mon devoir pastoral m’intéresse à l’établisse-