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CHAP. IX. — LYON

leurs convictions. Plusieurs espèrent avoir un pape français[1]; tous parlent de guerre et soupçonnent que cet événement occasionnera des tumultes.

«On croit assez généralement que le roi va arriver et on parle beaucoup de cela. Toutefois c’est une chose qu’on désire plutôt qu’on ne l’attend ; cette rumeur se calme pour le moment et il n’en sera bientôt plus question. Voilà ce que l’on dit ici... Adieu. Écrit à la campagne, 8 août.»

Sur ces entrefaites, bien que cela puisse paraître étrange, les discours, les épîtres et les poèmes allaient être confiés à Gryphius, s’ils ne l’étaient déjà, par Simon Finet, et, suivant l’assertion de ce dernier, à l’insu de Dolet. Le livre fut rapidement imprimé, et il fut publié entre le 14 août et les dernier jours de septembre 1534. Ce premier ouvrage de Dolet est un petit octavo de deux cent quarante-six pages numérotées et de dix qui ne le sont pas, sans date, sans indication de lieu et sans nom d’imprimeur[2]. On y trouve d’abord une lettre de Simon Finet à Claude Cottereau, qui commence en ces termes :

«Croyez-vous que ce que j’ai fait doit m’être imputé à crime ? n’ai-je pas plutôt droit à des louanges ? Voici la chose en peu de mots, c’est à vous de décider. Vous n’ignorez la grande intimité qui existe entre Étienne Dolet et moi. Lorsque les violentes menaces et plus encore l’influence pernicieuse d’un certain homme méchant et reprouvé l’ont obligé à quitter Toulouse, c’est moi qu’il choisit pour l’accompagner

  1. Du Prat espérait être élu.
  2. Le titre ne renferme pas autre chose que : — Stephani Doleti, Orationes Dux in Tholosam. Ejusdem Epistolarum libri II. Ejusdem Carminum, libri II. Ad eundem Epistolarum amicorum liber. Bien que les mots : Lugduni apud Gryphium soient donnés par Brunet et par Boulmier comme faisant partie du titre, il n’en est rien. Boulmier, tout en mentionnant cette indication dans sa Bibliographie Dolétienne, dit bien dans son texte (p. 73) que les discours parurent sans nom d’imprimeur et sans indication de lieu. Toutefois il ajoute : « Mais une lettre de Chrysogon Hammonius, un des amis de Dolet, nous apprend qu’ils furent imprimes chez Gryphius». Il n’y a pas un mot de cela dans la lettre d’Hammonius, mais il est parfaitement clair, quand on examine les caractères et surtout les lettres initiales gravées sur bois, que le livre sortit des presses de Seb. Gryphius.