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ÉTIENNE DOLET

toutefois que Dolet en ait rien dit. Cette accusation est généralement reproduite d’après Thomasius qui, dans son traité De Plagio litterario[1], a réuni les accusations de plagiat qu’on a faites à Dolet. Mais elles ne viennent pas de Thomasius, ils les a simplement trouvées dans d’autres écrivains.

Même avant que les Commentaires eussent paru, pendant que Dolet y travaillait, ses ennemis, nous l’avons vu, avaient fait courir le bruit qu’il avait volé les papiers de Simon Villanovanus et s’en était servi pour composer ses Commentaires[2]. Nous ne savons pas jusqu’à quel point ce bruit était fondé. Il se pouvait certainement que quelques-uns des papiers de Villanovanus, cicéronien enthousiaste, fussent tombés entre les mains de Dolet ; mais l’accusation de vol semble avoir été une simple rumeur, et n’était évidemment pas arrivée aux oreilles de Charles Estienne et de Floridus Sabinus qui étaient les premiers intéressés et qui n’auraient pas manqué de relever la chose s’ils en avaient entendu parler ; cette accusation, toutefois, était connue de Rabelais, qui la reproduit dans une épître écrite en 1542 (elle est citée tout au long plus loin). Il dit entre autres choses : « L'esprit de Villanovanus s’indigne d’estre de ses labeurs frustré. »

Le premier novembre 1536, alors que Dolet surveillait la publication du second volume de ses Commentaires, il reçut de Christophe Richer de Thorigny[3], son ami et l’ami de

  1. Suobaci, 1692.
  2. Voyez plus haut, p. 229. Une des épigrammes de G. Ducher (Lyon, 1538) dirigée contre Dolet (qu’il appelle Durus, comme dans plusieurs autres pièces de vers très mordants) se termine ainsi : Ut vero folium modo Sibyllæ Narrem, docti animam arbitrantur illum Nostri Villanovani habere : CUJUS DEFUNCTI SIBI SCRIPTA VENDICAVIT, Fur nequam, plagiariusque summus.
  3. Christophe Richer était valet de chambre de François I er ; il avait écrit un traité intitulé : De rebus Turcorum, Paris, R. Estienne, 1540. A peu près en même temps, il traduisit en français et publia chez le même imprimeur le second livre de son traité, sous le titre de : Des Coustumes et Manière de Vivre des Turcs. Voy. La Croix du Maine et le Manuel de Brunet.