Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/405

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
379
CHAP. XX. — PRÉSAGES DE LA FIN

à Lyon ; nous, au contraire, qui sommes entourés de tous côtes par de hautes montagnes, nous n’avons que de rares communications avec la Gaule. Aussi vous seriez bien aimable si, de temps en temps, vous pensiez à me donner des nouvelles de Lyon[1]. »

A la fin de 1540 Boyssone fit un voyage à Paris, et à son retour nous apprenons quelque chose sur Dolet par une lettre adressée à Guillaume Bigot, écrite de Chambéry (Ier décembre 1540). «A Lyon», dit Boyssone, «Dolet a soupé avec moi. Nous avons surtout parlé de vous et de vos travaux, et nous avons décidé tous les deux que vous devez achever vos études médicales[2].» Mais, quoique ce soit là le dernier témoignage direct que nous ayons des rapports de Dolet et de Boyssone, leur amitié se continua jusqu’à l’époque de l’arrestation de Dolet (1542), on le sait, grâce à une lettre de Boyssone à Bigot (30 juin 1542), laquelle se termine ainsi : «J’admire beaucoup vos vers, et je tâcherai de trouver moyen de les faire lire à Dolet[3].» Après cette lettre le nom de Dolet disparaît de la correspondance de Boyssone. Dolet fut arrêté peu après, et le reste de sa vie, quelques mois exceptés, se passa en prison.

Nous nous serions certainement attendu à ce que quelques mots de sympathie pour les malheurs et pour la fin tragique de Dolet se fussent rencontrés dans les lettres que Boyssone adressa à ceux de ses amis qui étaient liés avec Dolet, mais on n’y trouve aucune allusion au sort de L’infortuné. Est-ce, comme le suggère M. Guibal[4], parce que Boyssone avait abandonné son ami malheureux par une de ces lâchetés que l’on déguise sous le nom de convenances, et qui sont le péril des hautes positions officielles, ou bien est-ce qu’en revoyant sa correspondance , avant de l’envoyer chez l’imprimeur,

  1. Corr. Man. fol. In.
  2. Id. fol. Ixv.
  3. Id. fol. Ixxii.'
  4. Rev. de Toulouse, août 1864, p. 102.