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CHAP. XXI. — NOSTRE MAISTRE DORIBUS

joua pendant les guerres de religion ne fut pas sans importance. Toutefois, l’inquisition avait commencé à décliner avant la tentative que fit Henri II pour augmenter son pouvoir étendre sa juridiction. Un siècle plus tard elle devait être vaincue non pas par les attaques des hérétiques ou des mécréants, mais par l’opposition que lui fit un archevêque orthodoxe de Toulouse, Charles de Montchal. Jaloux de voir à côté de la sienne une autre juridiction ecclésiastique indépendante, il obtint d’Anne d’Autriche, en 1645, un décret par lequel l’inquisition cessait d’être reconnue comme cour royale de juridiction criminelle. Les Dominicains dirent que tait un loup habillé en berger, le pape renomma un inquisiteur, mais le parlement le priva presque de tout pouvoir et de toute juridiction. Néanmoins le titre d’inquisiteur général de la foi subsista pendant plus d’un siècle, et donnait à celui qui le possédait un haut rang, un grand prestige, de beaux revenus et l’apparence, sinon la réalité, du pouvoir. Quand l’inquisition fut abolie, le seul privilège qui restait à l’inquisition semble avoir été de donner des certificats d’orthodoxie aux avocats, ainsi qu’à ceux qui en demandaient. En 1772, le marquis d’Aignan d’Orbesson, ne pouvant se faire à l’idée que, dans un pays qui voulait être à la tête de la civilisation, il existât encore, à une époque de tolérance et de lumière, un reste dégradant de la barbarie et de la bigoterie, obtint du roi un décret qui supprimait les émoluments de l’inquisiteur, enlevait au frère Jean Daydé, alors en fonction, le titre d’inquisiteur et défendait aux Dominicains de lui nommer un successeur[1].

  1. Histoire de l’Inquisition en France depuis son établissement au XIIIe siècle à la suite de la croisade contre les Albigeois jusqu’en 1772, époque définitie de sa suppression, par E. L. B. de Lamothe-Langon, Paris 1829, 3 vol. in-8e, (Résumé utile des faits relatifs à l’inquisition en France, mais en superficiel et vague. On n’y trouve aucun renseignement sur la procédure du tribunal; de plus, l’auteur fait voir qu’il ne connaît pas plusieurs des livres les plus répandus, tels que le Grand Martyrolog et l'Histoire ecclésiastique de Théod. de bèze, qui contiennent des détails importants sur la question. Le plus grand