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CHAP. II. — PADOUE

Pomponatius mourut en 1525. Sa célébrité et son influence durèrent longtemps et elles étaient à leur apogée, quand Etienne Dolet arriva à Padoue, où, pendant trois années, il s’associa aux disciples de Pomponatius et se pénétra de ces doctrines matérialistes qui, tout en étant en contradiction, sur plusieurs points, avec les opinions de Cicéron, son maître, se trouvaient être contraires à l’esprit superstitieux du moyen âge et partant conformes à la manière de voir de Dolet. Il est étrange que ses biographes, en cherchant à connaître ses théories philosophiques, n’aient jamais tenu compte de ce qu’il apprit à Padoue et de l’influence de Pomponatius.

Mais c’était la littérature qui était la maîtresse de Dolet et non la philosophie. Il semble qu’il n’ait étudié cette science que pour se rendre compte des tendances irrationnelles des opinions orthodoxes qui prévalaient alors. Le maître dont il suivit les leçons, et dont il ne manqua jamais de célébrer l’amitié et le savoir, était sans nul doute disciple de Pomponatius et surtout cicéronien et humaniste ; Dolet ne cessa jamais de déplorer sa mort prématurée, et ce maître doit son immortalité bien plus à l’affection de son élève qu’à l’unique épitre que nous avons de lui. Il a manqué à Simon Villanovanus un poète et un biographe carent quia vate sacro. Les dictionnaires lui ont même refusé une petite place. Cependant il est certain qu’il donnait les plus belles promesses, qu’il était regardé par plusieurs juges compétents

    Padorana del secolo XVI. par F. Fiorenlino, Firenze 1868 ; Sulla immortalita dell’anima di Pietro Pomponazzi, par Giacinto Fontana, Siena 1869 cet ouvrage contient plusieurs lettres inédites de Pomponatius. Le De immortalitate fut publié deux fois du vivant de l’auteur et réimprimé au moins quatre fois en France au dix-septième et au dix-huitième siècle (trois fois sans date et sans indication de lieu, la quatrième fois avec la date évidemment fictive de M.D.XXXIV). Voyez le Manuel de Brunet ; Mattaire : Ann. Typ. II. 805 ; et Vogt : Cat. Lib. Rarior. p. 466. En 1791 le professeur Bardili a édité le De Immortalitate à Tubingue, avec une vie de l’auteur ; toutefois il ne semblerait pas qu’il eut vu les deux éditions originales. Les premières éditions sont extrêmement rares. Il est curieux de noter que Pomponatius ne savait pas un mot de grec, bien qu’Aristote fût le sujet de ses cours.