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CHAP. VII. — L’ORATEUR

d’insultes sur Dolet, il prétendit qu’il avait tout à la fois à défendre la dignité du parlement de Toulouse compromis-, et la cause des Gascons outragés[1]. »

Dolet ne se contenta pas des attaques que, dans son second discours (dont il sera question tout à l’heure), il lança contre Pinache, il écrivit deux épigrammes injurieuses contre son adversaire et parla de lui avec aigreur dans ses lettres à Arnoul Le Ferron. Jules-César Scaliger néanmoins ne ménage aucun compliment à Pinache, il dit qu’il est modeste, docte et éloquent[2] ; il est vrai qu’à ce moment Scaliger avait déjà été mortellement blessé par le dialogue de Dolet intitulé : De imitatione Ciceroniana. Quoiqu’il en soit, le Gascon était un homme qui avait assez d’esprit et de savoir pour faire à l’orateur français une réponse virulente, pleine d’invectives ; il accusa Dolet d’être non seulement un adorateur de Cicéron, mais pis encore, un luthérien et un hérétique, et demanda au bras fort de la justice de le punir pour avoir censuré le parlement et les magistrats. Il se pouvait que Dolet se crût obligé de répondre aux accusations de son adversaire. Mais une réplique qui fût à la hauteur de la situation demandait quelque préparation. Nous ne pouvons pas fixer la date précise du second discours, nous savons seulement qu’il fut prononcé entre le 26 novembre 1533 et le 26 janvier 1534[3].

Ce second discours fut adressé à une assemblée plus nombreuse que la première, et parmi les auditeurs se trouvaient Pinache, Arnoul Le Ferron, et sans doute Jean de Boyssone. Il est bien plus violent, bien plus libre et montre plus de

  1. Préface des Orat, duæ in Tholosam.
  2. Lettre à Arnoul Le Ferron, Schelhorn, Amænitates Litterariæ, VIII, 584. Je ne puis trouver aucun autre renseignement sur Pinache. Les auteurs de la Biographie Toulousaine l’ont oublié, ainsi que plus d’un des personnages plus fameux dont les noms sont associés à l’histoire de la ville.
  3. Il n’avait pas été prononcé le 26 novembre, date de la lettre de Dolet à Jacques Bording, et avait été prononcé avant le 26 janvier, date de la lettre d’Arnoul Le Ferron.