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CHAP. X. — LES CICÉRONIENS

harangue plus violente et plus injurieuse, dans laquelle il glorifiait encore plus que dans la première tout en révélant encore moins de mérites littéraires. Elle fut achevée au mois de septembre de la même année et envoyée sur le champ à Paris pour y être imprimée. Mais il y eut des retards ; une année se passa avant qu’elle parût ; et lorsqu’au mois de décembre 1536 ce nouveau discours fut publié, Érasme, qui savait qu’il avait été écrit, mais qui ne l’avait pas vu, n’était plus de ce monde[1].

Dolet ne fut pas moins mécontent que Scaliger du Ciceronianis'. Ce qui l’indignait le plus, c’était l’attaque, (comme il se plaisait à appeler ce dialogue) dirigée contre le maître bien aimé et l’ami de Simon Yillanovanus, contre Longueuil, le seul homme qui, de ce côté-ci des Alpes, se fût fait un nom comme cicéronien et que Dolet s’était habitué à considérer comme le disciple le plus parfait de l’illustre maître ; cette indignation, il faut le dire, venait d’un sentiment généreux bien que nous ne puissions pas la partager. Mais ce n’était pas tout ce qui indignait Dolet. S’il y avait un homme vivant alors pour lequel il professait un respect sincère, et qu’il plaçait à la tête de tous les érudits de l’époque, c’était Budé, et il était persuadé qu’Érasme avait voulu, de propos délibéré, ravaler ce grand homme en le mettant au même rang que Josse Bade.

Dolet quitta Lyon au commencement du mois d’octobre 1534 et arriva à Paris le 15 du même mois. Son principal but

  1. Quoique imprimé (et publié) en novembre ou en décembre 1536, suivant la fâcheuse coutume adoptée de bonne heure par les éditeurs, coutume qui persiste encore, ce discours est daté de 1537. Les éditions originales des deux harangues sont extrêmement rares. La première harangue fut réimprimée à Cologne en 1600 et ensuite en 1618 à Heidelberg, cette fois avec des notes de Melchior Adam. En 1621, le président Maussac ayant découvert un exemplaire de chacun de ces discours et des lettres, ainsi que des fragments épistolaires inédits de J. C. Scaliger (que, par un pieux respect pour la mémoire de son père, Joseph avait supprimés et qui, plus que les hararangues, portent préjudice à Jules-César), les publia à Toulouse avec le Ciceronicmus d’Érasme. Toutes ces éditions sont difficiles à trouver.