admirés que nous aurions pu le croire. Il est évident qu’ils furent bien reçus et hautement appréciés par le chef des littérateurs français, par Budé. Mais Budé avait soixante-dix ans, sa santé faiblissait et il n’avait jamais été très disposé à favoriser les succès des autres. Les Commentaires devaient, sans nul doute, réjouir le cœur des excellents évêques de Rieux et de Limoges ; mais l’un et l’autre, ils s’étaient retirés du monde et n’exerçaient aucune influence. L’œuvre n’était guère le fait de Jean du Bellay, de Rabelais ou de Marot ; et les autres amis de Dolet n’occupaient pas des situations qui leur permissent de lui être utiles pour faire connaître et apprécier son livre. Les Commentaires néanmoins ne manquaient pas d’admirateurs ; ils se recommandaient d’eux-mêmes à tous les érudits qui n’avaient point de préjugés. Sturm — il ne pouvait se trouver un meilleur juge — parle du livre de Dolet en termes très louangeux et déplore qu’il n’ait jamais été achevé[1]. J’ai déjà cité les remarques de Susanneau et de Voulté. Omphalius n’était pas moins enthousiaste dans son admiration[2]. Les critiques modernes n’ont pas parlé des Commentaires avec moins d’éloge. Facciolati[3] critique sévèrement le style latin de Dolet ; il est d’avis même qu’il montra par son style et en acceptant la Rhetorica ad Herennium comme une œuvre authentique de Cicéron, qu’il ne connaissait pas à fond les écrits de l’orateur romain, mais il ajoute : Nolim tanti viri famam imminuere, quam sibi apud posteritatem jure peperit ; il lui donne les épithètes de docte et d’érudit et il soutient que ses Commentaires
- ↑ Préface de l’édition des Formulæ et Phrases de Dolet donnée par Sturm, Argentorati 1576.
- ↑ « Scripsit et in eam sententiam nuper multa Stephanus Doletus, præcipuum laborantis eloquentiœ subsidium ». Omphalius : De Elocutionis Imitatione (Paris, Colinœus 1537), p. 61. Omphalius et Dolet étaient alors dans les meilleurs termes. On lit une lettre adressée à Dolet dans les Epistolœ ad familiares d’Omphalius, que son fils Bernard mit en tête de l’édition qu’il publia du De Elocutionis Imitatione (Coloniæ 1572, réimprimé en 1603).
- ↑ Préface à son édition des Phrases et Formulæ.